dimanche 27 mars 2011

Retour de Caen, retard du coup...


Mis à part être passé pour "Celui que le temps rattrape" une nouvelle fois à la Convention Histoire 2 Jouer V de Caen (je suis frappé par une malédiction, il n'y a pas d'autres explications), les play-test se sont très bien passé !
Merci à l'association Éphémère qui fait toujours autant honneur à sa réputation d'accueil, d'enthousiasme et d'organisation irréprochable (même lorsque les parisiens arrivent en retard). Merci aux joueurs pour leur patience et leur investissement, en espérant une prochaine.

Pour de nouveaux play-test, on se donne rendez-vous à Rouen, pour les Jeux de Roger, dans 15 jours !
Un scénar teaser pour le futur supplément d'Achéron sur Shanghai vous y attendra.
Préparez vos pipes à opium et vos baguettes, on débarque sur le Bund le Samedi 9 Avril...

vendredi 25 mars 2011

Ha ! Les parisiennes !

D'ici sous peu, c'est à Paris qu'Achéron vous emmènera avec ses nouveaux personnages prétirés 100%...français !
Paris, ses cabarets, ses cafés et ses lorettes vous attendent, derrière les six PJs bientôt disponibles dans la bibliothèque.
En cours d'écriture, un nouveau scénario "parisien" qui devrait bientôt montrer le bout de son nez !

mercredi 23 mars 2011

Achéron : Thérapie phare de Game Fever

Une interview sympa de l'un de nos distributeurs officiel, à savoir Game Fever est disponible sur le site !
En plus jusqu'à la fin du mois, Achéron est nommé "Thérapie phare" de la boutique !
Excellente perspective, isn't it Edmond ?

mardi 22 mars 2011

From Hell. La critique de Casus Belli



Ben oui, on y est passé aussi...et on y a laissé quelques plumes, même si la critique générale est bonne.
Un autre point de vue sur le jeu, assez différent des autres critiques (certains points forts deviennent faibles chez CB (notamment le style d'écriture) et vice-versa (Le scénar, le bestiaire...)). Décidément, à Casbé, ils font rien comme les autres...

dimanche 20 mars 2011

Low lie, the fields of Athenry


En vue du prochain scénario à sortir (Les Larmes de la Banshee), voici un petit supplément de contexte pour les petits curieux désireux de se pencher sur l'un des épisodes les plus tragiques du XIXe siècle, qui servit d'inspiration à de nombreuses histoires irlandaises, mais aussi est surtout à des compositions poétiques et musicales: la Grande Famine (1845-1852), dite aussi The Blight ou An Gorta Mor, en anglais et gaélique dans le texte.
Elle donne un avant goût de la politique menée par l'Angleterre de l'époque sur ses "colonies" et peut directement ou non, servir de base pour un nombre certain de scénarios.

My Son, never trust an englishman...

Il n'est secret pour personne que les relations entre l'Irlande et l'Angleterre ne furent jamais au beau fixe et que la présence britannique sur l'Eire fût toujours contestée, en particulier par une aristocratie irlandaise catholique peu encline à se soumettre aux lois de dirigeants protestants.
En vue de minimiser le pouvoir des nobles locaux, Oliver Cromwell fit passer, à la fin du XVIIe, une série de lois visant à fragmenter les terres et donc les revenus des propriétaires terriens. Parmi toutes une kyrielle de décrets discriminatoires à l'égard des catholiques, le Property act fût le plus perfide, car il contraignait les possesseurs de terres arables à les diviser équitablement entre chacun des fils du propriétaire, en lieu et place de les léguer au fils aîné. Inexorablement, les parcelles rétrécirent avec le temps et beaucoup de grandes familles furent réduites à exploiter des terrains de plus en plus petits.

Rapidement, les exploitations incapables de s'adapter furent rachetées par les landlord anglais et les anciens fermiers se convertir en main d'œuvre à bon marché. Désormais locataires sur leurs propres terres, les paysans irlandais se retrouvèrent dans une précarité de plus en plus latente : les expulsions et les ventes forcées se firent de plus en plus courantes, faute de pouvoir payer les loyers demandés.
Le grain cultivé (essentiellement du blé) et le bétail étaient envoyés en Angleterre pour y être vendu par les landlords, tandis qu'eux même cultivaient la pomme de terre (nécessitant peu d'espace et suffisamment nourrissante). Cet équilibre précaire qui permettait souvent à peine à rembourser le loyer, allait s'effondrer au cours du XIXe siècle, lors de l'arrivée du mildiou, ce parasite venu des Etats-Unis, qui causera la destruction de la quasi-totalité des récoltes de pommes de terre en Europe du Nord.

La grande famine

Outre la politique coercitive des propriétaires anglais, c'est la gestion générale de la crise qui eût une répercussion désastreuse sur l'Irlande et dans une moindre mesure l'Ecosse (plus particulièrement les Highlands).

A l'arrivée du mildiou (vers 1840), plusieurs pays connurent une crise sans précédent : la Prusse, la Belgique et même les Flandres françaises subirent de plein fouet la propagation de l'épidémie et les cas de famines ne furent pas cantonnés à l'Irlande même, mais jamais la population locale ne fût traitée avec aussi peu de considération que dans les zones "coloniales" de la couronne britannique.
Sous la pression des marchands de grains et des armateurs, les ports irlandais restèrent ouverts et l'Angleterre continua ses exportations de nourritures (augmentées, naturellement par la crise du mildiou européenne). Des convois entiers de grains, réservés à la vente, partaient régulièrement vers la capitale britannique, alors que dans les campagnes, la famine gagnait du terrain.
Aveugles à la gravité de la crise, les landlords continuèrent les expulsions et les abus de pouvoir.

Devant la recrudescence du banditisme et des menaces de révoltes, la couronne réagit avec virulence, multipliant les exécutions publiques, les interventions militaires et les condamnations lourdes : la plupart des irlandais convaincus d'avoir tenter de saisir les biens de landlord furent envoyés en grand nombre réaliser des travaux forcés en Australie où beaucoup trouvèrent la mort.
Les convois de nourriture en partance pour le continent était également systématiquement escortés par l'armée.
L'unique alternative laissée par le gouvernement étant contenu dans les "Poors Law" (Lois sur les Indigents de 1838), aucune aide financière ne fût fournie aux victimes, qui devaient se résoudre à travailler dans les sinistres "workhouse", aux conditions de travail désastreuses, contre un repas quotidien. Les workhouse, dépassées par le nombre d'affamés, participèrent à l'émigration de leurs "pauvres" vers des contrées plus clémentes comme les Etats-Unis et le Canada.
Le manque de nourriture et le nombre dramatique de décès entraînèrent la déclaration d'un nombre croissant d'épidémies qui ne purent être traitées à temps ou ne serait ce que maîtrisées : des zones entières furent désertées ou tout simplement décimées par ces accumulations de fléaux. Des bandes de pillards affamés, malades, sillonnaient les routes irlandaises à la recherche de la moindre nourriture, sans avoir plus rien à perdre.

La famine atteignit son point culminant en 1847, lors de fortes chutes de neiges sur les régions les plus sinistrées. Les aides américaines vinrent trop tard pour endiguer la situation, car elles ne servirent qu'à distribuer de la nourriture à bas prix, que la majorité des victimes ne pouvaient même plus s'offrir. L'Angleterre, qui bénéficiait de la plus grande réserve de nourriture d'Europe ne se décida qu'à partir de 1848 à organiser des distributions de "soupes populaires".

Conséquences de la famine

Hormis la recrudescence de la pauvreté et de l'insécurité en Irlande, la Grande Famine causa plus d'un million de morts en Irlande durant les six années "actives" de la crise, laissant une région sinistrée et brisée, consciente d'avoir été "abandonnée" par le pouvoir en place.
C'est donc le renouveau d'un nationalisme irlandais, qui s'était progressivement endormi, qui fera surface, à la sortie de ces temps funestes, prêt à en découdre avec les "envahisseurs" britanniques. Inspirés par les révoltes populaires françaises, notamment celle de 1848, les intellectuels irlandais, partis étudier à Londres ou à Paris, reviendront après le drame et donneront naissance, quelques années plus tard (et après l'échec de la révolte menée par le groupe Young Ireland), au mouvement Fenian (mouvement indépendantiste violent) et à la Irish Republican Brotherhood.

La dernière conséquence, et non des moindres, est la gigantesque diaspora des irlandais fuyant la famine en direction des Amériques (notamment le Canada et les Etats-Unis). Mal reçus par les "natives" et corvéables à merci, leur destin n'aura rien d'enviable, d'autant plus qu'une majorité d'entre eux participeront à la guerre de Sécession qui éclatera quelques années plus tard. Pourtant, une solide communauté irlandaise commencera à prendre racine outre-atlantique et deviendra un soutien économique indispensable aux velléités d'indépendance de l'Irlande.

Le drame de la Grande Famine, s'il est assez peu relaté dans la presse britannique (tout du moins à ses débuts), fait grand bruit en Europe, où l'on s'indigne du comportement anglais. Les irlandais y gagneront une sympathie de la part des autres pays occidentaux et certains intellectuels et politiques s'éprendront de ce nouvel idéal d'indépendance pour lequel ils prendront cause.

Utiliser la Grande Famine dans Achéron

Voilà encore un point d'histoire qu'il est relativement simple d'exploiter pour vos futures parties, en plus, bien évidemment, du scénario qui sera publié après la convention de Caen.

Sur place, le simple climat de famine et d'épidémie se suffit à lui-même pour générer une situation angoissante à souhait : entre les scènes effroyables de malheureux décharnés, errant sur les routes à la recherche de nourriture et les villages fantômes, vidés par la maladie, il y a probablement de quoi provoquer des moments de frisson.
Sans compter que l'explication historique de la famine ne satisfera peut-être pas les Initiés les plus acharnés : malédiction ? Diablerie ? Toutes les hypothèses sont envisageables, à moins qu'il ne s'agisse du crime involontaire d'un landlord avide de terrains bon marché, désireux de vider ses terres de ces encombrants "mangeurs de patates" ou l'accident de parcours d'un scientifique dément ?

Les conséquences peuvent également avoir lieu en d'autre lieux et prendre une teinte moins franche : derrière la série d'attentats qui ont lieu dans les rues de Londres, n'y a t-il pas une raison que les PJs seraient en mesure de découvrir ?
A moins que l'émigration massive de ces gens fuyant des terres sinistrées ne vous donnent plus d'idée : les voyages en bateau n'ont rien de vraiment tranquilles à l'époque et il est plus facile pour un individu louche de se camoufler dans une masse importante de personnes en déroute.

Je vous laisse avec en toile de fond un petit air de musique en rapport, juste pour la frime (vous trouverez les paroles tout seuls, vous êtes grands...)

mardi 15 mars 2011

Blast it, Edmond ! Un nouveau play test en convention les 26 et 27 Mars !

Indeed ! Comme prévu, Achéron seront présent à Caen durant la Convention Histoire 2 Jouer V à Caen, les samedi après-midi et le dimanche aussi...Au programme, un scénario inédit, qui sera bientôt disponible en téléchargement.
Plus d'infos sur la convention sur le blog d'Ephémère !

samedi 12 mars 2011

lundi 7 mars 2011

La critique de Sci-Fi


Une longue critique bien détaillée de Sci-fi Universe sur le jeu, pour les Indécis qui n'auraient pas encore craqué : c'est juste

Les défauts pointés ne sauraient être matés par ce blog et les Aides de Jeu qu'on vous concocte, dans les ténèbres d'un caveau suintant l'humidité (oui, j'ai des infiltrations à la maison...).

dimanche 6 mars 2011

Ouverts à quelque immense aurore, De l'autre côté des tombeaux Les yeux qu'on ferme voient encore…


Communiquer avec les morts est une des obsessions les plus récurrentes chez l'être humain depuis l'aube des temps et le XIXe siècle n'a pas échappé à la règle. Vous l'avez deviné, petits fripons avides d'horreurs en tout genre, nous allons évoquer un phénomène à la mode de l'époque : le Spiritisme.

Esprit, Y es tu ?

Les pratiques médiumniques consistant à appeler les esprits des défunts sont légions depuis l'aube de l'humanité : chamanisme, nécromancie ou spiritisme, autant de noms pour signifier ces sciences divinatoires aussi inquiétantes que fascinantes, permettant d'ouvrir brièvement la porte du royaume des morts en vue de dialoguer avec ses habitants. Il serait vain et même absurde de vouloir en déterminer l'origine exacte, puisque chaque civilisation s'est intéressé à ce vaste sujet, d'une manière ou d'une autre et que si la forme diffère, le fond reste identique : des vikings normands aux prêtres shinto, il n'est aucune nation n'ayant pas eu recours à ce procédé.

On s'accorde toutefois que ce sont les Perses, essentiellement les Assyriens et leurs rivaux, les Babyloniens, qui pratiquèrent en premier les formes les plus codifiés de la nécromancie, dans le sens où on l'entend en occident : les prêtres manzazuu invoquaient les esprits des morts (les etemmu) pour les interroger sur le destin, déjà "écrit" dans l'Au-delà.
Ces méthodes influencèrent sans doute l'Egypte antique, résolument tournée vers le Monde des Morts puis les pratiques greco-romaine, changeant évidemment de nom et de forme.

L'art "nécromantique" parfois dit "nigromantique" (par déformation latine) revêt jusqu'au XIIe ou XIIIe siècle, une image plutôt neutre, malgré son coté inquiétant : Ulysse en fait usage dans l'Odysée, à l'aide des formules de l'étrange magicienne Circé et Apulé parle avec un certain respect du terrible devin Zatchlas, capable de faire brièvement revenir un mort à la vie.
C'est avec la Bible que les choses évoluent sensiblement, montrant la nécromancie sous un jour beaucoup plus sombre : ouvrir le domaine des esprits, c'était donner pouvoir sur Terre aux démons qui l'habitaient. Les nécromanciens comme la sorcière d'Endor qui permet au roi Saül de communiquer avec le prophète Samuel, conduisent indirectement à la perte de ceux qui les consulte et à leur damnation.

Condamnée sur les territoires chrétiens, la consultation des morts se drape dans un robe plus ténébreuses et s'accompagnent de termes peu flatteurs : commerce avec les démons, profanation de sépultures, pacte avec le Diable.
Pourtant, elle survivra malgré tout dans les hautes sphères de la société (plus que chez le peuple), secrète, cachée du regard de l'Eglise : les procès condamnant ces pratiques furent même légion durant la fin du Moyen-âge et la Renaissance dans l'aristocratie et au sein même du clergé.

Mais c'est au XIXe siècle que cette pratique divinatoire retrouvera une nouvelle jeunesse, grâce à la popularité de l'histoire des sœurs Fox aux Etats-Unis, dans la bourgade de Hydesville (Etat de New-York) : on se fascina rapidement de cette histoire de jeunes filles communiquant avec un esprit errants en utilisant le système des accoups, de grands bruits à l'origine incertaine, donnés sur les parois de la maison. Le coup de théâtre fût la découverte d'ossements et de cheveux humains sous la demeure de Fox, trouvés d'après les indications de l'esprit.
Le phénomène fit chorus et le spiritisme connu une seconde naissance parmi les milieux mystiques et érudits du monde occidental.

De la pratique à la doctrine

L'intérêt croissant du public américain pour ce fait divers hors du commun déboucha sur la naissance d'un courant religieux intégrant des notions du christianisme (avec la présence de Dieu notamment) et la possibilité que les "esprits" des morts puissent communiquer avec les pratiquants par l'intermédiaire d'un médium (un spirite) : en se débarrassant de son enveloppe charnelle, l'âme d'un défunt pourrait accéder à d'autres sphères du savoir et serait en mesure d'aider les vivants par un enseignement spirituel, relayé par le médium. Ces esprits, appelés "esprits guides", "Guidants", "Anges gardiens", selon la fonction qu'on leur a accordé, seraient également détenteur du message de Dieu sur Terre, ayant quasiment atteint un statut de saint, libérés du fardeau de leur vie mortelle (on peut rapprocher cela de certaines doctrines bouddhiques qui ont sans doute influencer cette démarche spirituelle).

Plongeant leur recherches dans les travaux de Mesmer (le père de la technique du "mesmérisme" autrement appelée la "radiesthésie") et les théories de Swendenborg, les spiritualistes commencèrent à établir les bases de ce nouveau mouvement mystique.
Combinant les transes médiumniques mésmériennes et les notions théologiques de Swendenborg, pour qui l'Au-delà se composait en strate plus ou moins proches de l'Enfer ou du Paradis où errait les esprits, les spiritualistes codifièrent , notamment grâce à Andrew Jackson Davis (auteur de The Principles of Nature, Her Divine Revelations, and a Voice to Mankind[, qui fût, selon ses dires, dicté par les esprits), les premiers principes de leur doctrine.

Fait intéressant, on remarquera que le spiritualisme donna la part belle aux femmes, naturellement plus aptes à rentrer en transe selon les pratiquants (les défenseurs de la psychiatrie diront tout simplement que l'hystérie est un mal plus répandu chez les individus de sexe féminin.): Cora Hatch, Achsa Sprague, Florence Cook ou Emma Hardinge Britten furent les médium les plus marquantes de leur époque et une majorité d'entre elles furent d'ardentes militantes pour le droit des femmes (Achsa Sprague fût même abolitionniste). Pour la première fois, elles pouvaient prétendre à avoir voix au chapitre dans des assemblées mixtes. Les plus sceptiques les plus chagrins supposent également que le fait que de jolies jeunes femmes se donnent ainsi en spectacle avait pu jouer sur la fascination du public et faciliter la transmission d'un certain message...
La Guerre de Sécession et son cortège de morts fit exploser la popularité du spiritualisme aux Etats-Unis et les démonstrations impressionnantes influencèrent l'Occident : Londres, Saint-Petersbourg, Paris, les mouvements spirites poussèrent comme des champignons, intégrant des éléments culturels divers qui donnèrent un cachet particulier au spiritisme européen.

En France, c'est Allan Kardec (de son vrai nom Leon Rivail) qui lancera le mouvement spirite (dont la capitale restera très longtemps Lyon), notamment par le biais de son Livre des Esprits, dans lequel il présentera les concepts de "périsprit" et de "spiritisme" qui auront une influence sur l'aliénisme et la "psychiatrie moderne", notamment en redonnant un rôle au subconscient et à l'hypnose pour tenter d'atteindre le subconscient : le kardécisme connaît un succès immédiat, y compris dans les salons bourgeois intellectuels, auprès d'une frange de la communauté scientifique jusqu'à Napoléon III en personne.

Selon Kardec, l'être est divisé en trois parties : le corps physique, l'esprit (le caractère d'une personne, son intelligence etc.) et le périsprit (qui constitue le souffle vital).
Au décès d'une personne, le corps se dissout et l'esprit reste animé par le périsprit éternellement. Cette âme désincarnée a alors toute latitude pour s'élever vers la connaissance et la perfection, ou reste dans les sphères inférieures de l'Au-delà. Leurs réincarnations successives sont de nouvelles chances de faire progresser leurs vertus morales par une amnésie partielle survenant à la renaissance, à l'instar de la métempsychose asiatique, même s'il est possible qu'un esprit ne se réincarne pas.

Convoquer un esprit n'est pourtant pas sans risque. Kardec les divise en trois catégories, de la plus bénéfique à la plus néfaste :

- Les esprits purs ont atteint un état de connaissance suprême et n'ont plus besoin de réincarnation. A l'instar des bodhisattvas bouddhiques, ils restent sur le monde terrestre pour aider les êtres vivants à atteindre la Connaissance. Ce sont communément les "Anges gardiens" des récits spirites.

- Les bons esprits sont ceux qui se sont décidé à aider les vivants par les moyens qui sont à leur disposition : un esprit bienveillant aidera physiquement le spirite qui lui demande de l'aide, un esprit savants développeront les talents intellectuels du spirite dans un domaine (science, art...), un esprit sage permettra au spirite de développer ses vertus (calme, humanisme etc.) et un esprit supérieur favorisera son approche de la Connaissance universelle.

- Les esprits imparfaits en revanche sont ceux qui sont encore trop attachés à leurs passions (colère, amour charnel, violence, domination...) et résolument tournés vers leur propre intérêt. Les vicieux tenteront de corrompre le spirite, les légers les entraîneront vers l'inconséquence, la débauche et l'oisiveté, les faux-savant proféreront des enseignements mensongers, les perturbateurs provoqueront bruits, fracas et tourments sans raison valable et les esprits neutres seront bien trop attaché à leur ancienne incarnation pour acquérir un état serein.

Influences et controverses sur le Spiritisme au XIXe

Les valeurs du spiritisme sont essentiellement humanistes et universalistes (de fait, elles mêlent de nombreuses notions métaphysiques émanant de plusieurs religions différentes): elle visent à rendre l'être humain meilleur par la connaissance et son partage, mais aussi par le travail du développement personnel.
De fait, il s'est répandu dans de nombreux milieux, y compris scientifiques, par son aspect de "foi logique" ou "matérialisme métaphysique" : le spiritisme réfute en effet les "miracles" et les "inexplicables" des religions traditionnelles en tentant d'y apporter réponse par l'intervention ou la volonté des esprits.
L'être humain étant, selon le dogme, sujet à l'élévation spirituelle et donc à l'évolution, on ne s'étonnera pas que le mouvement spirite ait soutenu le darwinisme et les mouvements pour l'évolution des droits des femmes, l'abolitionnisme ou encore le socialisme et l'anarchisme, dans certains cas extrêmes.
L'intérêt porté à la notion du périsprit a donné matière à réflexion aux aliénistes, notamment en France, avec l'école de la Salpêtrière, dont Charcot, le père de la psychanalyse, est une des figures de proue. Pour Charcot, hypnose et transe favorisent la compréhension du subconscient, et l'écriture automatique des séances spirites fût très utilisés en psychanalyse.

Pour autant, la multiplication des médiums, leur influence parfois excessive sur les sphères financières ou politique vont parallèlement faire naître un scepticisme farouche : plusieurs opposant dénonceront les subterfuges ou trucages d'un nombre croissant de charlatans et le coté théâtral, parfois outrageusement poussif, de certaines séances de spiritisme n'aura rien pour plaire aux membres des académies de science.
La médecine également affirmera que les transes médiumniques favoriserait la dégradation des esprits déjà fragilisés, déclenchant crises d'hystérie et délires hallucinatoires. La majorité des savants du XIXe siècle s'opposeront farouchement aux velléités scientifiques des spirites.
De même, bien que puisant ses sources dans le christianisme, le spiritisme voit en l'Eglise un adversaire féroce : le Vatican condamne cette pratique, qu'il juge comme étant une "forme moderne de nécromancie" et se rapprochant furieusement du commerce avec les forces du Malin.

(Suite prochainement sur les pratiques du spiritisme et quelques conseils d'utilisation dans Achéron)