lundi 21 février 2011

"La balle est folle. La baïonnette sait ce qu'elle fait." (Souvorov)



Ne nous le cachons pas, les joueurs trouvent toujours un moyen d'en venir aux mains en cours de partie, avec de malheureux PNJ qui n'ont parfois rien demandé.
Très sollicités pendant ces périodes de guerre, de conflits sociaux et de luxe, les armuriers de l'époque ont développé des trésors d'ingéniosités dont voici quelques exemples originaux : quitte à faire parler le fer et la poudre, faites le au moins avec classe, nous sommes au XIXe que diable !

La canne épée

Contrairement aux idées reçues, la canne-épée ou "canne fourrée" n'est pas l'apanage du XIXe siècle car son usage se retrouve dès le XVIe de manière anecdotique et surtout à la fin du XVIIIe, en particulier en France, après la Révolution, lorsque toutes les armes furent confisquées.
Au XIXe, elle connaît un certain succès chez les "raffinés" et les dandies, qui ne peuvent se résoudre à porter l'épée, vulgaire symbole belliqueux, sans pour autant mettre de cotés les "imprévus" (les rues, le soir, sont loins d'être sûres) et les "points d'honneur" (Les duels) : Rimbaud lui même se serait compromis à frapper, ivre, le photographe Etienne Carjat avec la canne-épée de son ami Albert Merat.
La popularité de l'arme, qui peut également revêtir des trésors d'élégance et s'accommoder facilement avec un costume de ville, puisqu'elle est invisible, ira croissant et subsistera dans les milieux bourgeois jusqu'au début du XXe siècle.

La majorité des cannes-épée dépassent rarement les 80cm (taille standard d'une canne ordinaire) et se compose d'un étui creux (en noisetier, bois de Malacca ou bambou pour les plus fréquents, en argent, ivoire ou ébène pour les plus chics) et d'une lame rigide en acier inoxydable, d'une cinquantaine de centimètres. Le système de fermeture est "simple" (il libère l'arme sur une pression), "double" ou à "torsion" (il faut dévisser le manche pour sortir l'épée du fourreau) pour éviter les accidents malencontreux.
On retrouve différents modèles de poignées et d'étui, du plus modeste au plus élégamment sculpté, comme, somme toute, une canne de marche de l'époque. Des cannes-sabre et des cannes "dard" (avec une pointe jaillissant à l'extrémité) étaient également courantes.
Chose notable : les femmes les plus aventurières pouvaient porter la canne-épée, qui était également rentrée dans les accessoires de mode.

Les armes à feu personnelles

Si les Etats-Unis multiplièrent les améliorations révolutionnaires dans le domaine des armes à feu, l'Europe, elle, s'est longtemps contenté des modèles plus traditionnels.
Objets de collection, de luxe et de défense, les armes à feu sont très demandées après la première révolution industrielle et les armuriers ne chôment pas.
Les premières innovation ont lieu vers le début du siècle, lorsque le salpêtre, instable et sujet à l'humidité, est remplacé par les poudres fulminantes, plus explosives : c'est l'apparition des premières "platines à tube", dont le chien heurte de petites capsules en laiton remplies de fulminate et déclenche l'explosion qui propulse le projectile (la munition) préalablement chargé par le canon.
Le principe conduit à la création d'une des armes personnelles les plus répandue en Europe : la "poivrière", muni de plusieurs canons rotatifs, chacun armé de leur propre capsule de fulminate : un simple mouvement de poignet (comme si l'on tournait une poivrière) suffisait donc à recharger l'arme. Les accidents n'étaient cependant pas rares : le fulminate étant très explosif, plusieurs capsules pouvaient exploser en même temps, libérant toutes les munitions stockées dans les canons d'un seul coup.

Le pas vers le barillet automatique, le "revolver", sera fait par le fameux Samuel Colt en 1837 et connaîtra un succès retentissant aux Etats-Unis, mais restera "marginal" en Europe, où il sera considéré comme un objet de luxe. On le déclinera en traditionnel "six-coup" mais également en "trois coups" pour les modèles réduits ou cinq pour les balles d'un calibre plus important : les armuriers auront de toute manière, tout loisir pour arranger les armes sur demande.

D'autres modèles de pistolets, comme le "Volcanic" dont le rechargement de l'arme se fait par activation d'un levier situé de la gâchette que l'on abaisse rapidement, connurent moins de succès (le seul modèle ayant réellement percé étant la carabine Winchester).

Y'en aura pour tout le monde !

Il est difficile de quantifier la totalité de modèle d'arme de défense individuelle qui ont été produites durant tout le XIXe mais il est certain que les progrès de l'industrie, de l'économie, les problèmes de sécurité intérieurs et extérieurs des grands pays industrialisés voire même la mode en ont probablement fait l'âge d'or des armes à feu. Miniaturisation des armes sous formes de cannes, de montre, de bague, de crucifix, rien ne semblait arrêter l'imagination des armuriers et de leurs clients, qui semblaient vouloir allier luxe, modernité et sécurité dans le même objet : François-Joseph, Empereur d'Autriche, se fit également fabriquer l'un des tout premier modèle de pistolet automatique à chargeur mobile, dont il ne se servit jamais, mais fit plaquer d'or et de pierres précieuses.

Pour vous donner une idée et pour finir, un petit lien sympathique vers ces créations bizarres qui ne manqueront pas de vous donner des idées pour vos futures parties.
(Mention spéciale pour la "Femme-fatale" et le "Pistolet crucifix" dignes des plus grands moments de pulp...)

2 commentaires:

  1. Super article. Vous pouvez trouver de belles cannes de collection sur ce site.

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  2. Merci !
    Voilà un petit plus aussi inutile qu'indispensable pour les porteurs de cannes esthètes :)

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